Le pharmacien et les psychotropes : usage, mésusage et réglementation   


 

 

Khabar khouribga : ELAZHAR

 

 

Dans le cadre de ses activités scientifiques, et selon l’organigramme annuel établi par le bureau national, le syndicat des pharmaciens de Khouribga a d’organisé samedi dernier  au siège de la Chambre de Commerce, d’Industrie et de Services  de Khouribga sa 4ème  journée pharmaceutique sous le thème : « Le  pharmacien et les psychotropes : usage, mésusage et réglementation ».

A l’unanimité, la pierre angulaire de ce thème fut le cadre réglementaire concernant le contrôle du mouvement et de l’utilisation licite des substances stupéfiantes et psychotropes, cadre réglementaire qui continue de se baser sur le dahir de décembre 1922 devant une absence flagrante de mesures d’accompagnement en matière d’application de la loi. Dans ce sens, un dossier revendicatif a été déposé auprès  de qui de droit par la Fédération Nationale des Syndicats de Pharmaciens au Maroc (FNSPM) il y a 11 ans et l’attente n’a que trop duré selon tous les professionnels intervenant durant cette journée pharmaceutique qui indexèrent les méandres administratives.

Le professeur en psychiatrie et président de la Fédération Internationale de psychiatrie docteur Driss Moussaoui remit en question aussi bien l’appellation abusive des psychotropes et surtout l’addiction des médicaments psychiatriques et neuroleptiques. Le professeur Moussa oui confirma que les neuroleptiques de première et de deuxième génération, les antidépresseurs et les régulateurs de l’humeur en particulier le lithium ne donnent jamais de toxicomanie. Pour lui, les médicaments qui peuvent être toxicomanogènes sont les tranquillisants, les hypnotiques et benzodiazépines, certains antiparkinsoniens de synthèse et certains anti- épileptiques et la ritaline. Pour les hallucinogènes, aucun médicament psychiatrique ne l’est,  dut-il rassurer.

Que faire alors ? Le professeur Moussaoui insista sur le respect de la loi marocaine et suivre aussi ce qui se fait en France et en Espagne, l’éducation sanitaire et le lutte contre la stigmatisation des médicaments psychiatriques y compris chez les pharmaciens en tant que partenaires incontestables de la santé et qui sont appelés à être didactiques en évaluant la dangerosité  et en parant à toute implication judiciaire possible. L’aspect juridique est clair et il n y a que le flagrant délit et l’irrespect du cadre réglementaire qui risquent d’incriminer un pharmacien.

Le volet juridique a été abordé par un juge du tribunal de première instance et un avocat du barreau de Khouribga qui ont défini, textes juridiques à l’appui, la responsabilité civile et criminelle en matière de délivrance de médicaments psychotropes ou qualifiés de substances stupéfiantes. Le Dahir de décembre 1922 dont l’esprit a été  jugé toujours d’actualité par la justice marocaine car il définit tous les éléments de la responsabilité criminelle dont tout acte de négligence en matière d’identité du malade et d’authenticité de l’ordonnance du médecin traitant.

On évoqua également l’option de l’ordonnance sécurisée pour lutter contre la falsification des ordonnances médicales par les dealers. Quant à la responsabilité pénale du pharmacien ou du professionnel du médicament, il resterait aussi à dissocier la faute professionnelle de l’acte criminel pour parer à toutes implications dans les affaires de détournement et de ventes illicites de psychotropes. On insista enfin sur l’image De l’officine marocaine  qui doit être protégée contre tout ce qui pourrait  compromettre  une profession exercée par plus de 12 000 et qui existe depuis 1913, dut rappeler Dr Saadia Moutaouakil, présidente du Conseil Régional de l’Ordre des Officines du Sud tout en appelant à une meilleure coordination avec l ministère de tutelle.

Le programme de cette journée scientifique comprit aussi d’autres interventions dont :

  • « La prise en charge des diarrhées aigues » par Pr Said Ettair, gastro-pédiatre.

  • «  Le cadre réglementaire et la gestion des médicaments stupéfiants et psychotropes au niveau de l’officine » par Dr Salah Eddine Madkouri, pharmacien inspecteur de la région Béni Mellal-Khénifra.

  • « La douleur neuropathique : actualités du traitement. » par Dr Fadwa Fliyou, spécialiste en neurochirurgie.